luttes qui mettent en question les relations de travail sous le
capitalisme et traduisent, sous une forme embryonnaire, la ten-
dance gestionnaire des ouvriers. Nous pensions que ces luttes
se développeraient également en France et, surtout, qu'elles
pourraient neextes sans une intervention et introduction
de l'élément politique véritable dépasser les rapports imme-
diats de travail, progresser vers la mise en question explicite
des relations sociales générales.
En cela nous nous trompions. Ce développement n'a pas
eu lieu en France, sinon à une échelle infine (ce ne sont pas
les grèves de la dernière période, rapidement syndicalisées,
qui pourraient modifier cette appréciation). En Angleterre, où
ces luttes continuent (avec des hauts et des bas inévitables),
leur caractère ne s'est pas modifié, ni de lui-même, ni en fonc-
tion de l'activité de nos camarades du groupe Solidarity.
Certes, une évolution différente dans l'avenir n'est
pas exclue - bien qu'elle nous paraisse improbable pour les rai-
sons que nous mentionnerons plus loin. Mais la question n'est
pas là. Nous croyons avoir suffisamment montré que nous ne som-
mes pas impatients et nous n'avons jamais pensé, répétons-le,
que la transformation de ce type de luttes ouvrières - ou de
n'importe quel autre - pourrait se faire sans le développement
parallèle d'une organisation politique nouvelle, que notre
intention a toujours été de construire.
Or la construction d'une organisation politique dans
les conditions qui nous entourent et dont sans doute ce que
nous sommes fait aussi partie - a été et demeure impossible,
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en fonction d'une série de facteurs nullement accidentels et
étroitement reliés les uns aux autres,
Dans une société où le conflit politique radical est
de plus en plus masqué, étouffé, dévié et, à la limite, inexis-
tant, une organisation politique supposée construite, ne pour-
rait que péricliter et dégénérer rapidement. Car, d'abord, où
et dans quelle couche pourrait-elle trouver ce milieu immédiat
sans lequel une organisation politique ne peut pas vivre ? Nous
en avons fait l'expérience négative aussi bien pour ce qui est
des éléments ouvriers que pour ce qui est des éléments intellec-
tuels. Les premiers, lors même qu'ils voient un groupe politique
avec sympathie et reconnaissent dans ses idées l'expression de
leur propre expérience, ne sont pas disposés à maintenir avec
lui un contact permanent, encore moins une association active,
car ses perspectives politiques, pour autant qu'elles dépassent
leurs propres préoccupations immédiates, leur paraissent obscu-
res, gratuites et démesurées. Pour les autres - les intellec-
tuels - ce qu'ils semblent surtout satisfaire dans leur contact
avec un groupe politique c'est la curiosité et le "besoin d'in-
formation. Nous devons dire ici clairement que nous n'avons
jamais eu, de la part du public de la revue, le type de réponse
que nous espérions et qui aurait pu nous aider dans notre tra-
vail ; son attitude est restée, sauf rarissimes exceptions,
celle de consommateurs passifs d'idées. Une telle attitude du
public, parfaitement compatible avec le rôle et les visées d'une
revue de style traditionnel, rend à la longue impossible l'exis-