et toujours, dans le fond complètement étrangers aux ouvriers :
ce sont les objectifs de la politique stalinienne internationale. De là
une attitude à la fois positive et négative des ouvriers face aux luttes,
traduisant à la fois leur méfiance croissante de la bureaucratie a
leur impuissance actuelle face à celle-ci. Ainsi, les ouvriers votent
la grève, se mettent en grève... et rentrent chez eux.
Peut-il y avoir une solution à cette situation ? Comme nous
l'avons dit, l'emprise maintenue par la bureaucratie sur une fraction
importante du prolétariat signifie que nous nous trouvons devant une
scission politique de la classe ouvrière. Le contenu politique de cette
scission est qu'une fraction de la classe qui suit encore la bureau-
catie stalinienne considère comme valable la politique stali-
nienne, dont elle sait que le but final est l'instauration d'une
société du type russe, et accepte la subordination totale des luttes
et de intérêts immédiats aux impératifs de cette politique;
l'autre partie, d'une part, constate la contradiction flagrante qui se
fait jour entre la politique stalinienne et ses intérêts immédiats les
plus tangibles, et doute de plus en plus sur la coïncidence du but
final de la politique stalinienne et des intérêts historiques du prolé-
tariat. Cette contradiction ne sera dépassée que lorsque à la fois la
majorité de la classe ouvrière comprendra clairement l'opposition
entre les intérêts historiques du prolétariat et la bureaucratie, et
lorsqu'aussi une avant-garde réelle parviendra à une conception
claire des buts historiques positifs du mouvement ouvrier et des
moyens correspondants. Mais c'est là une perspective à long terme,
qui dépasse amplement la situation actuelle.
Cette dernière est pour le moment sans issue. Il n'y a pas d'unité
de la classe ouvrière possible condition essentielle du succès de
toute lutte tant soit peu importante parce qu'il y a scission poli-
tique et parce qu'il n'y a plus de lutte revendicative pure possible.
Les luttes' revendicatives sont directement liées à la politique, à lu
fois parce qu'elles posent, dès qu'elles atteignent une certaine enver-
gure, des problèmes politiques, parce que la division du monde en
deux blocs se prolonge jusqu'à l'intérieur de la classe ouvrière, parce
que les deux blocs s'intègrent chacun une bureaucratie ouvrière, dont
le rôle est précisément de « politiser», positivement ou négative-
ment, ces luttes. Dans ces conditions, les efforts de ceux qui veulent
redonner une efficacité à ces luttes en tant que luttes généralisées par
l'« unité d'action » des organisations « ouvrières » ou de la « base »,
unité d'action réalisée sur des programmes revendicatifs purs, man-
quent soit de bonne foi, soit de sens du réel. Cette unité, à l'échelle
de la classe, est impossible subjectivement et objectivement.
C'est précisément sur la base d'une politisation, bien que partielle,
que l'unité ouvrière pourra être rétablie dans certains secteurs dans
un avenir proche. Le contenu de cette politisation sera que les
ouvriers de ces secteurs rejetteront d'une manière décisive la poli-
tique bureaucratique stalinienne ou « occidentale » ce rejet
signifiera non pas le retour vers un « syndicalisme pur qui, histo-
riquement, est mort depuis longtemps, mais la compréhension de la
part des ouvriers du fait que la politique de la bureaucratie va à
l'encontre à la fois de leurs intérêts historiques et de leurs intérêts
immédiats les plus impérieux. Une conscience claire de ce fait per-
mettra aux ouvriers de se débarrasser. de l'emprise bureaucratique,
de poser dans les conditions concrètes de leur secteur les revendica-